Maison de Champagne Ruinart. Elle explique à Champmarket les liens qui unissent ces deux univers. Vous êtes directrice de la création des parfums au seine de la société IFF (International Flavors and Fragrances) pour le groupe L’Oréal. Comment vous définiriez-vous ? Je suis quelqu’un de créatif. J’aime évoluer avec des artistes, des créateurs, des personnes inspirées et qui m’inspirent. J’aime aussi être une muse. Je suis très sensible aux odeurs, aux sens, aux décors qui m’entourent. Grâce à tout cela, j’arrive à insuffler des idées créatives à la cellule olfactive de L’Oréal et à ses différents parfums, pour des marques telles que Yves Saint Laurent, Armani ou Diesel. Où trouvez-vous vos sources d’inspiration ? Vraiment partout. Je possède une multitude de palettes ou de notes issues d’expériences de la vie comme certains pourraient, dans leur bibliothèque, posséder des livres très différents les uns des autres. Mon inspiration vient essentiellement des autres sens, des émotions, et de mes rencontres. Il me faut sans cesse trouver de nouvelles sources d’inspiration, matérielle ou immatérielle. Est-ce pour cela que vous avez récemment créé des partenariats avec des Maisons comme Ruinart ou encore Nespresso ? Oui. Rencontrer et s’imprégner d’autres univers créatifs est très instructif. Ce sont des mondes très différents et, pourtant, la création d’un café ou d’un Champagne est assez similaire à celle d’un parfum. Il s’agit de faire jouer les notes, les familles olfactives, d’analyser les matières premières, d’identifier des molécules, de trouver les bonnes tonalités. Les Chefs de cave utilisent leurs Nez tout comme nous le faisons dans le parfum. C’est d’ailleurs beaucoup plus complexe dans l’univers du Champagne car le profil des cépages choisis évoluent dans le temps alors qu’un parfum restera le même quelque soit le moment où il est créé. Dans le Champagne, le nez doit projeter l’évolution de son assemblage à cinq ans minimum. Ce qui demande des capacités olfactives incroyables et est très compliqué à réaliser. Pourquoi avoir initié un partenariat avec Ruinart ? Parce qu’il existe un vrai parallèle entre les grands Champagnes et le parfum, notamment dans leur conception. Ce sont également deux métiers artisanaux. La qualité du produit y est impérative et le savoir-faire clé. D’autant que, sur ces deux produits, les Français sont très éduqués en la matière. Il ne faut pas les décevoir, mais les étonner et sans cesse leur apprendre. Echanger avec Ruinart a donc coulé de source. Ce fut une expérience des plus enrichissantes. En quoi consistait ce partenariat ? Nous avons travaillé, l’an dernier, sur le nez du Blanc de Blancs, puis, en septembre dernier, sur le Rosé. Nous avons partagé nos palettes, nos matières premières, nos interprétations, nos savoirs, nos sens. Nous avons comparé par exemple nos notes florales, nos notes boisées ou nos notes héspéridées. J’ai eu la chance inouïe de rencontrer le Chef de Cave de Ruinart. Nous lui avons présenté des molécules qui nous semblaient refléter les facettes olfactives de son Champagne puis nous avons réalisé ensemble plusieurs accords pour illustrer de façon simple sa personnalité auprès du consommateur. Qu’en est-il ressorti ? Des notes fraîches de bergamote, de cédrat, de gingembre, une touche florale de jasmin et une trace épicée de baie rose sont venus mettre en scène les traits caricaturés du Blanc de Blancs. Ce Champagne m’a fait penser tout de suite à nos grandes Cologne ancestrales de la parfumerie, fraîche, pétillante, qualitative et évanescente. On s’en asperge pour se rafraîchir. Le Blanc de Blancs rafraîchit les papilles et l’on aime s’en resservir à volonté. Quant au Rosé, nous avons mis en exergue des notes de fruits rouges, comme la groseille et la framboise salivantes avec une trace de rose absolu. Cette expérience va-t-elle vous servir pour vos prochaines créations de parfum ? Certainement. Car il existe de véritables passerelles entre le Champagne et le Parfum. Après avoir travaillé sur le Blanc de Blancs, nous avons été inspirés pour trouver un départ frais à Saharienne, l’eau fraîche de Saint Laurent. Quant au Rosé, je m’en suis inspirée pour le départ d’un parfum fruité et espiègle aux notes de framboises sur lequel nous travaillons encore. Allez-vous réitérer cette expérience dans d’autres univers ? Je ne vais pas m’arrêter là. J’aime stimuler la création par tous les moyens. Certaines inspirations viennent du sable chaud, d’autres découlent de moments de vie ou encore de la beauté de la nature. Je souhaiterais à présent me tourner vers un autre univers, celui de la musique. Pourquoi la musique ? Les Nez sont de véritables chefs d’orchestre. Ils mettent en musique leurs créations. Il existe, de toute évidence, un vrai parallèle entre ces deux univers. Il faut apprendre ses gammes avant de les mettre en musique. Le jazz ou la musique classique inspirent. Je ne sais pas encore ce que cela donnera mais il en ressortira quelque chose de forcément intéressant. Etes-vous amateur de Champagne ? J’adore le Champagne. Et j’ai appris à le déguster grâce à ce beau partenariat avec Ruinart et les conseils de Frederic Panaoitis. Désormais, quand je bois du Champagne, j’arrive à discerner une multitude de notes aromatiques exceptionnelles. J’ai affiné mes goûts et mes préférences, je suis plus sélective dans mes choix. J’ai également plaisir à monter en gamme dans les grandes maisons de champagne, à essayer de nouvelles choses, à me laisser conseiller par de nouvelles découvertes. Quand aimez-vous le déguster ? J’aime le boire à l’apéritif car les papilles sont encore vierges. Quel est votre meilleur souvenir Champagne ? Justement à l’issu de notre partenariat avec Ruinart. J’ai invité à dîner des personnes de différents milieux artistiques comme Patrick Roger, le chocolatier hors norme, des maitres parfumeurs comme Anne Flipo ou Dominique Ropion, le grand photographe Pierre Anthony Allard . Le Chef de Cave de Ruinart est arrivé avec des bouteilles exceptionnelles, des Dom Ruinart de plus de 20 ans qu’il nous a fait déguster avec passion et amour! Nous avons passé un merveilleux diner, riche en émotions olfactives et humaines ! Propos recueillis par Ava Eschwège © AdC – L’Agence de Contenu]]>